Il est vrai que nous nous fatiguons, depuis des mois, à tenter de vous émouvoir d’un génocide sans précédent, complètement documenté, facilité par la complicité et les armes de vos gouvernements.
Il ne s’agit pas pour nous de vous prouver notre humanité qui ne quémande plus votre validation. Nous nous connaissons intimement, dans ce qu’il y a de pire et de meilleur et nous savons que vous ne possédez rien. Aucune capacité, aucun savoir, aucune Histoire, aucune donnée supplémentaire, aucune impartialité qui vous doterait du pouvoir de nous disqualifier.
Nous ne sommes rien de ce que vous nommez, ni le « tiers monde », ni « en voie de développement », ni « terroristes », ni « barbares », ni « civilisés » et nous ne sommes pas tenus de vous le prouver.
Nous sommes des peuples prêts à résister, votre barbarie et la nôtre.
Nous sommes les hommes et les femmes de Palestine qui s’accrochent à un olivier face aux tanks, qui giflent un soldat, qui creusent un tunnel à la cuillère pour s’échapper d’une prison, qui refusent de quitter leurs terres, qui portent les blessés, qui soignent, qu’aucun gouvernement, qu’aucun mouvement ne représente, qui, dans l’exil de leur expropriation répètent, une génération après l’autre : je viens de tel village. Les vieillards meurent, les enfants n’oublient pas.
Nous sommes les hommes et les femmes d’Iraq, nés sous vos bombes, ceux qui, dans un pays détruit, dévasté, descendent dans les rues et scandent « ni l’Amérique, ni l’Iran ». Ceux qui, du cœur de villes dites « saintes » osent : « au nom de la religion, les voleurs nous ont pillé ». Nous sommes les hommes et les femmes d’Iraq dont les corps, de chair et de sang, se tiennent droit jusqu’à tomber face à des milices armées qui tirent à balles réelles.
Nous sommes les hommes et les femmes d’Égypte, qui après une révolution accusent l’euphorie des batailles gagnées qui ne sont pas des victoires, ceux et celles qui croupissent en prison pour un article, pour un « statut » sur Facebook, qui n’en sortent, après des années, que pour y retourner parce que se taire n’est pas une option.
Nous sommes les hommes et les femmes de Syrie, qui ont bravé la peur pour faire tomber un dictateur qui kidnappe, torture, bombarde son peuple avec des avions de guerre, des armes chimiques. Ceux et celles dont le pays, devenu un terrain de bagarre pour toutes les puissances mondiales, ont été forcés sur les routes d’un exil dont personne ne voit la fin.
Nous sommes les hommes et les femmes du Liban, qui trouvent des solutions pour vivre avec un état corrompu, démissionnaire, une monnaie effondrée, sans infrastructure. Ceux et celles qui font de la lutte des peuples voisins la leur, qui se font même la guerre entre eux pour que Beyrouth reste une terre qui accueille les résistances et les exils. Nous sommes ceux qui répètent, après 365 jours de bombardement, « nous ne laisserons pas tomber la Palestine ».
Nous savons qui nous sommes. Qui êtes-vous ? De quoi êtes-vous capables ?
Nous ne voulons pas.
03-02-2024
En essayant de vous émouvoir, nous tentons de vous ramener dans cet espace ou nous espérons vous reconnaître, où les faux arguments ne servent pas à justifier l’injustifiable, où les hôpitaux n’explosent pas avec leurs lots de malades, où les enfants ne meurent pas sous les bombes, où les tentes ne brûlent pas avec leurs réfugiés, où l’on n’emprisonne pas une population dans un espace de 360 Km2 durant des décennies en se figurant que les choses devraient bien se passer.