Vingt ans après l’invasion, les enseignements de la tragédie irakienne

Le constat est quasi-unanime : l’interdiction par le régime de Saddam Hussein de toute voix dissidente a privé la société irakienne des débats indispensables sur les options stratégiques fondamentales du pays. En affirmant détenir le monopole de la vérité politique, le despotisme est la cause première de l’affaiblissement de sociétés mises en incapacité de se défendre.
2023-09-13

Omar Benderra

Economiste, d’Algérie. Membre d’Algeria-Watch


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Serwan Baran - Irak

Cette publication a bénéficié du soutien de Rosa Luxembourg Institute. Ce texte peut être reproduit entièrement ou partiellement à condition de citer sa source.

L’image est inoubliable. Dans cette nuit de printemps, d’énormes déflagrations ravagent une ville endormie. L’aviation des Etats-Unis mettait en œuvre la première phase de l’invasion de l’Irak par un bombardement d’une violence inouïe de la capitale la plus emblématique de la civilisation arabo-musulmane. Diffusé en direct par la chaine qatarie Al Jazeera, alors très suivie en Algérie, ce déploiement incendiaire a immédiatement rappelé l’horrible massacre de l’abri d’Al Amiriyya en 1991 lors de la première guerre du Golfe. Dans l’esprit déviant des pseudo-stratèges néoconservateurs américains, ce déchainement infernal de violence devait susciter « choc et stupeur » de la part des populations écrasées sous les bombes. Et, censément, précipiter ainsi leur soumission en acceptant inconditionnellement la suprématie impériale. L’ordre juridique international dont les bases avaient été jetées après la seconde guerre mondiale explosait à ce même instant.

De l’Irak à l’Algérie : distance géographique et proximité historique

Les Algériens n’ont pas été pris de court par une agression annoncée à cor et à cri par les Etats-Unis et leurs alliés. Le message politique porté par cette attaque d’une insoutenable sauvagerie est clair et sans équivoque. Le bombardement massif et indiscriminé des populations et la destructions des infrastructures civiles dans l’objectif affiché de renverser le régime Baathiste est une adresse très explicite à tous ceux sur la planète qui oseraient contester la suprématie américaine et, au premier chef, aux Etats du « Front du Refus » et à travers eux aux peuples arabo-musulmans solidaires du peuple palestinien.

En Algérie, le trauma est toujours vivace, vingt ans plus tard, aucun des témoins de ce tragique événement n’a oublié l’ouverture apocalyptique, fondée sur un grossier mensonge, d’un nouvel acte de l’interminable tragédie irakienne. L’intense campagne de propagande occidentale basée sur la manipulation et la mystification n’a trompé que ceux qui voulaient bien l’être : l’Irak qui n’était en rien impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001 ne disposait pas d’armes de destruction massive.

L’adhésion aux principes du non-alignement est une condition du maintien d’un minimum d’autonomie de décision pour un pays comme l’Algérie. Il s’agit surtout de ne pas rééditer la faute politique du régime Baathiste. Désireux d’apparaitre comme un partenaire crédible, Saddam Hussein a cru dans le miroir aux alouettes des promesses occidentales, son peuple continue d’en payer le prix exorbitant.

 Comme le reste de l’opinion arabe, les Algériens ont suivi avec une attention soutenue la succession de péripéties sanglantes, le carnage et la destruction d’un pays, berceau de civilisations, qui pour être éloigné géographiquement n’en est pas moins affectivement proche : nul en Algérie n’a oublié le soutien, multiforme et sans réserve, du peuple irakien à la lutte de libération nationale, nul n’a oublié l’accueil, au plus fort de la guerre anticoloniale, des étudiants algériens dans les universités et académies militaires Irakiennes. 

De nombreux irakiens se sont rendus en Algérie dans les premières années de l’indépendance en tant que coopérants techniques dans divers secteurs de la vie économique et sociale de l’Algérie. Certains y ont fait souche tout en maintenant des liens avec le pays d’origine. Cela était d’autant plus aisé que les deux peuples aux extrémités opposées de l’arc arabo-musulman possèdent de nombreux traits socio-culturels communs. En effet, derrière une apparente rudesse, les uns et les autres dissimulent mal une vraie générosité.

Les Algériens et la trajectoire du désastre irakien

Au plan politique, si la solidarité sans réserve avec le peuple irakien est manifeste et l’empathie tangible, l’opinion algérienne est critique du régime de Saddam Hussein. Le sentiment, largement partagé, est que la dictature baathiste, brutale et aveugle, porte une lourde responsabilité dans la tragédie endurée par le peuple du pays des deux fleuves. C’est bien cette direction politique, par son extraordinaire manque de clairvoyance politique et son mépris du peuple, qui a permis l’affaiblissement, jusqu’à sa destruction, du pays. Ce sentiment populaire mitigé est partagé par les autorités algériennes qui n’ont pas oublié que c’est bien Saddam Hussein lui-même qui, en déchirant les accords d’Alger de mars 1975 (1), a installé son pays dans une trajectoire catastrophique. 

Les accords historiques auxquels étaient parvenus le shah d’Iran Reza Pahlavi et Saddam Hussein alors vice-président irakien mais homme fort du régime, sous les auspices du président Boumediene (2), avaient été reconnus par le régime de Téhéran après la révolution de 1979. La volte-face du régime de Bagdad, justifiée par la menace que représenterait le nouveau régime islamique iranien, et son renversement d’alliance en faveur des monarchies golfiques, après avoir été l’un des moteurs de l’opposition arabe à l’abandon de la cause palestinienne, avait été cyniquement encouragée par les occidentaux, plus que satisfaits d’abattre deux oiseaux avec la même pierre.

Les paliers historiques ultérieurs, de la faillite économique, en passant par l’annexion du Koweït en 1990, la déconfiture de l’armée irakienne face à une coalition dirigée par les Etats-Unis en 1991, pour culminer dans l’intervention américaine de 2003, représentent l’enchainement logique et destructeur d’événements provoqués par l’incroyable faute stratégique du déclenchement de la guerre contre l’Iran en septembre 1980.

A chacun de ces paliers, la diplomatie algérienne a tout tenté pour calmer le bellicisme occidental et inciter les dirigeants irakiens à la modération en les alertant sur les risques majeurs encourus. Ainsi, les efforts soutenus du président Chadli Bendjedid au printemps 1990 (3) pour trouver une issue politique à l’aventure koweitienne de Saddam Hussein se sont heurtés à une fin de non-recevoir. Avant ceci, en pleine guerre Irak-Iran, l’action incessante du ministre des affaires étrangères Mohamed-Sedik Benyahia pour amener les belligérants à la table de négociation a fini par lui couter la vie en mai 1982 (4).

En 2003 la voix de l’Algérie est beaucoup moins audible et ne porte plus aussi nettement sur la scène internationale, tant le pays est embourbé depuis les années 1990 dans une « sale guerre » contre les civils qui l’a fortement affaibli et a gravement entaché un régime sans autre recours que la répression. Il n’empêche que les Algériens choqués par l’agression américano-britannique contraignent les dirigeants du pays à autoriser les manifestations de solidarité en dehors de la capitale. Le président Abdelaziz Bouteflika condamne, en termes plutôt mesurés, l’invasion de l’Irak (5). Il reste cependant que l’accueil triomphal du président français Jacques Chirac en Algérie en mars 2003 après le refus français éloquemment exprimé le 14 mars 2003 par le ministre Dominique de Villepin de participer à l’invasion, exprime sans ambigüité le sentiment de la population (6).

Politique de la canonnière, diviser pour régner

L’intervention impérialiste de 2003 en Irak, sans l’aval des Nations Unies, ouvre incontestablement une nouvelle ère dans les relations internationales. La diplomatie de la canonnière, moyen de l’expansion coloniale de l’Occident, que beaucoup croyaient révolue depuis la vague d’indépendance et les défaites américaines en Asie du sud-est dans les années soixante et soixante-dix du siècle dernier, a retrouvé la plénitude de son statut d’instrument de puissance.

Depuis la disparition de l’URSS en 1990, les Etats occidentaux sous la direction des Etats-Unis n’hésitent plus à recourir à la guerre quand ils considèrent que les circonstances stratégiques leur sont favorables. Ce renouveau du bellicisme s’est vérifié en ex-Yougoslavie en 1999 avant même l’invasion de l’Irak, en Afghanistan en 2001 et s’est confirmé en Libye en 2011.

Les avancées du droit international positif depuis la fin de la seconde guerre mondiale sont remises en question par le développement d’argumentaires idéologiques comme le « droit d’ingérence humanitaire » et autres « devoir d’assistance » relevant de l’arsenal de guerre médiatique et psychologique. Ces éléments de communication, organisés en psychodrame permanent, ont été déployés dans une dimension inédite pour conditionner l’opinion occidentale. 

L’intervention impérialiste de 2003 en Irak, sans l’aval des Nations Unies, ouvre incontestablement une nouvelle ère dans les relations internationales. La diplomatie de la canonnière que beaucoup croyaient révolue depuis la vague d’indépendance et les défaites américaines en Asie du sud-est dans les années soixante et soixante-dix du siècle dernier, a retrouvé la plénitude de son statut d’instrument de puissance.

Les justifications de propagande puissamment relayées par des appareils médiatiques globalisés participent à l’étouffement des voix critiques (7) qui contestent la régression du droit au profit d’une logique de rapports de force dénuée de toute morale. Cette ligne est maintenue, avec quelques nuances, sous la présidence Trump, par les administrations successives. Celle dirigée par Joe Biden est, de ce point de vue, pleinement engagée dans la perspective géostratégique installée par G.W. Bush. Belliciste enthousiaste et président de la commission des affaires étrangères du Sénat en 2003 Joe Biden s’était illustré par la radicalité de son discours, entre envolées messianiques et arguments mensongers (8), prêchant même la partition de l’Irak …

Le théâtre irakien a été – et continue d’être – le champ d’application des méthodes néocoloniales de division des sociétés sur des bases ethniques et confessionnelles, d’instrumentalisation des fractures socio-politiques afin d’affaiblir à la racine toutes les résistances à la domination. Avec la destruction de toutes les structures de l’Etat, c’est à ce niveau que se situe l’un des enseignements essentiels de vingt années d’occupation américaine de l’Irak. Le mode opératoire de ’impérialisme, en référence directe aux « enseignements » de l’anthropologie coloniale, est centré sur l’exacerbation des antagonismes présents dans les sociétés qu’il cible dans le but de fragmenter les Etats-Nations qui lui résistent.

Cet exercice a été intensément pratiqué en Irak, en opposant Musulmans chiites et sunnites, Kurdes et Arabes... Les mêmes stratégies de division sont activées partout où cela est possible, comme on a pu l’observer en Syrie, au Soudan ou au Yémen. En Algérie les relais néocoloniaux tentent depuis les dernières années de la guerre de libération de créer une fracture entre populations arabophones et berbérophones.

Le théâtre irakien a été – et continue d’être – le champ d’application des méthodes néocoloniales de division des sociétés sur des bases ethniques et confessionnelles, d’instrumentalisation des fractures socio-politiques afin d’affaiblir à la racine toutes les résistances à la domination.

Au bout de toutes ces manœuvres, l’Irak en 2023 est un pays sous tutelle, fragmenté et très affaibli. L’Etat central, largement dépouillé de ses attributs de souveraineté, ne constitue plus la profondeur stratégique des pays en première ligne de la confrontation avec Israël. Pour beaucoup c’était bien là l’objectif primordial de la guerre déclenchée par le président Bush et les néoconservateurs américains.

La résistance, vingt ans après l’invasion

Au-delà de la guerre psychologique, l’invasion de l’Irak se révèle avant tout comme la somme de toutes les agissements criminels d’une armée d’occupation. Le discours américain autour de la défense de la liberté, de la lutte contre les autocraties et de la « guerre contre la terreur mondiale » (9)  selon la formule de Georges W. Bush ne peut plus masquer l’ampleur de menées totalement scélérates, aux antipodes de toute défense de la démocratie et la paix.

Un million de morts, des centaines de milliers de blessés et de vies détruites ont été accompagnés par d’innombrables atteintes aux droits de l’homme (10) et du pillage à ciel ouvert du patrimoine historique de l’Irak. Tous effets dont la responsabilité incombe directement aux chefs militaires américains (11) . La destruction des infrastructures civiles et les atteintes aux symboles religieux s’ajoutent au catalogue des exactions américaines. L’indignité de la pendaison perversement médiatisée de Saddam Hussein le 30 novembre 2006, jour de l’Aïd al Adha, par des supplétifs de l’armée d’occupation a révulsé ceux qui, bien que n’éprouvant nulle sympathie pour le dictateur déchu, ont considéré cela comme une insulte à l’Islam.

C’est bien Saddam Hussein lui-même qui, en déchirant les accords d’Alger de mars 1975, a installé son pays dans une trajectoire catastrophique. La volte-face du régime de Bagdad, et son renversement d’alliance en faveur des monarchies golfiques avait été cyniquement encouragée par les occidentaux, plus que satisfaits d’abattre deux oiseaux avec la même pierre.

L’écrasante supériorité matérielle de l’envahisseur n’a pas cependant entamé la volonté des irakiens de vivre libres dans un pays débarrassé de la tutelle néocoloniale et du chancre de la « zone verte », véritable centre de décision impérialiste au cœur de Bagdad. Dans un parallèle (12)  saisissant, comme les Algériens hier, les irakiens résistent et infligent tous les jours des dommages aux forces d’occupation.

Dans son cortège de crimes imprescriptibles, l’occupation a sonné le glas de l’illusion d’une démocratisation imposée par des armées étrangères. Au Maghreb, et en Algérie en particulier, les controverses sur ce thème sont closes avec la destruction de la Libye en 2011. Le sentiment largement dominant est la responsabilité de ce désastre incombe également aux dirigeants politiques du pays. Le constat est quasi-unanime : l’interdiction par le régime de Saddam Hussein de toute voix dissidente a privé la société irakienne des débats indispensables sur les options stratégiques fondamentales du pays. En affirmant détenir le monopole de la vérité politique, le despotisme est la cause première de l’affaiblissement de sociétés mises en incapacité de se défendre.

Les leçons de la guerre de 2003

Au-delà de cette observation de bon sens, ce qui apparait clairement pour le plus grand nombre est la nécessité de disposer de moyens de défense suffisamment dissuasifs pour décourager toute velléité d’agression extérieure. Cette condition préalable est illustrée par la faiblesse des moyens défensifs de l’Irak, épuisé par des années de guerre et d’embargo, comme ceux de la Libye, qui ont grandement facilité les interventions étrangères.

Le déchainement infernal de violence devait susciter « choc et stupeur » de la part des populations écrasées sous les bombes. Et, censément, précipiter ainsi leur soumission en acceptant inconditionnellement la suprématie impériale. L’ordre juridique international dont les bases avaient été jetées après la seconde guerre mondiale explosait à ce même instant.

Pour l'Algérie, les implications politiques et de sécurité de la guerre contre l’Irak en 2003, ont été simples : « si vis pacem para bellum » (si vous voulez la paix, préparez la guerre). L'effort de modernisation et d’équipement de l’armée algérienne entrepris après l’invasion s’est maintenu et renforcé au fil de la détérioration des conditions sécuritaires régionales. Cependant, toutes les leçons de cette guerre ne semblent avoir été tirées. La nécessité d’une politique de défense dissuasive, plutôt consensuelle, n’a pas été accompagnée par une ouverture politique. Le régime n'a pas bougé en termes de répression politique. En termes de ses rapports avec l’extérieur l’inclination pro-occidentale nettement perceptible sous le règne très corrompu de Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) n’a apporté aucun bénéfice au pays en matière de développement. Le rapprochement avec la Chine et la Russie observé depuis quelques mois constitue de ce point de vue un rééquilibrage des relations internationales du pays plus conforme à sa tradition de non-alignement.

Dans un contexte global caractérisé par la volonté occidentale de maintenir, y compris par la guerre, une hégémonie contestée, il ne saurait être question pour un pays comme l’Algérie de parvenir à une parité stratégique avec les pays industrialisés. L’objectif est plutôt d’être en capacité d’infliger des dommages substantiels à un quelconque agresseur dans une logique de conflit asymétrique. La montée des périls au Maghreb, dont la perception est estompée par la guerre en Europe et les tensions au Moyen-Orient et dans le détroit de Taïwan est en effet préoccupante. La déstabilisation chronique de la région toute entière, les crises en Libye et au Sahel ouvertement nourries par les immixtions extracontinentales, s’étend aux frontières occidentales de l’Algérie avec l’apparition d’un acteur particulièrement hostile. En effet, dans le sillage de la « normalisation » de ses relations avec la monarchie Marocaine, Israël développe une coopération militaire élargie et multiforme (13)  clairement dirigée contre l’Algérie (14).

Ces signaux inquiétants ont contribué à renforcer une prise de conscience des enjeux sécuritaires dont l’importance va crescendo depuis plusieurs années. L’adaptation des capacités de défense entrepris à partir de 2005 avec la signature d’accords militaires avec la Russie (15)  semble se confirmer. Il apparait ainsi que les dirigeants algériens actuels aient médité les leçons de la guerre de 2003 mais aussi celles tirées de l’agression de la Libye par l’Otan en mars 2011.

Multipolarité et souveraineté

Au plan politique externe, l’enseignement susceptible d’être tiré du désastre irakien réside dans la nécessité de consolider des alliances internationales solides et effectives. L’adhésion aux principes du non-alignement est une condition du maintien d’un minimum d’autonomie de décision pour un pays comme l’Algérie, au poids politique médian sur la scène internationale. Il s’agit surtout de ne pas rééditer la faute politique du régime Baathiste. Désireux d’apparaitre comme un partenaire crédible, Saddam Hussein a cru dans le miroir aux alouettes des promesses occidentales, son peuple continue d’en payer le prix exorbitant.

En Algérie, le trauma est toujours vivace. Vingt ans plus tard, aucun des témoins de ce tragique événement n’a oublié l’ouverture apocalyptique, fondée sur un grossier mensonge, d’un nouvel acte de l’interminable tragédie irakienne.

L’unilatéralisme américain, exacerbé depuis la fin des années 1990, aujourd’hui assis sur le reste de l’occident collectif vassalisé n’a pas, à l’évidence, contribué à apaiser un monde fracturé. A l’inverse, en laissant le champ libre aux Etats-Unis, l’effondrement de l’Union Soviétique a ouvert une séquence de déstabilisations brutales et de guerres sans issues. Les interventions armées de l’Occident en Irak et ailleurs ont apporté deuils et destructions sans précédent en nourrissant tous les extrémismes. Pour assurer leur protection, leur prospérité et leur sécurité, il n’est d’autre option pour tous les pays désireux de préserver leur autonomie de décision que d’œuvrer pour un ordre du monde moins déséquilibré. Ainsi, la nécessaire démocratisation des relations internationales ne peut s’envisager que dans la constitution de contre-pouvoirs que seule la multipolarité peut garantir. Des initiatives de regroupements régionaux comme l’OCS (16) ou internationaux, à l’instar du BRICS (17), sont autant de signaux positifs dans la voie de la résolution pacifique des différends entre pays souverains.

Il reste néanmoins, la dramatique expérience irakienne le démontre depuis plus de vingt ans, que la première ligne de défense face à n’importe quelle menace externe est l’unité du peuple et des dirigeants du pays. Il est donc essentiel, en Irak, en Algérie et partout dans ce monde arabe en crise permanente, de parvenir à refonder un ordre politique acceptable par la majorité, par l’ouverture des régimes aux libertés fondamentales et au droit.

La tragédie irakienne est celle de l’ensemble arabo-musulman, du Golfe à l’Atlantique. Deux décennies après la destruction de son Etat, l’absence de l’Irak dans le concert des nations est vivement ressentie dans les sociétés du monde arabe. Ce pays de très haute culture et de sagesse très ancienne, traditionnellement défenseur des causes justes au Moyen-Orient, retrouvera son indépendance et se relèvera. Du Machrek au Maghreb, la voix du digne peuple d’Irak retrouvera sa pleine audience. 

Le contenu de cette publication est l’entière responsabilité de Assafir Al Arabi et n’exprime pas obligatoirement les positions de Rosa Luxembourg Institute.

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1- Accords qui réglaient le contentieux territorial et politique avec l’Iran.  
2- Et de son ministre des affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, chef de l’Etat de 1999 à 2019.
3- https://tinyurl.com/3d8uuahf
4- https://tinyurl.com/yr6tftzs  
5-  https://algeria-watch.org/?p=34450
6-  https://tinyurl.com/43b7ddsx  
7- Y compris dans les cercles dirigeants occidentaux, cf. https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/26/la-guerre-en-irak-etait-contraire-au-droit-international_1297045_3218.html
8- https://www.youtube.com/watch?v=rrLFQnlf6lQ  
9-https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-2018-1-page-479.htm
10- https://www.lefigaro.fr/international/2010/10/23/01003-20101023ARTFIG00385-wikileaks-revele-l-horreur-de-la-guerre-en-irak.php
11- https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/irak-guerre-invasion-americaine-pillage-antiquites-perte-patrimoine-culturel   
12- Les militaires américains ont très tôt perçu des similitudes entre les formes de résistance algérienne et irakienne, cf. https://www.nytimes.com/2003/09/07/weekinreview/the-world-film-studies-what-does-the-pentagon-see-in-battle-of-algiers.html   
13-  https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/11/23/le-ministre-israelien-de-la-defense-benny-gantz-en-visite-au-maroc-dans-un-contexte-regional-tendu_6103250_3212.html
14- https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/algerie-maroc-israel-denonce-accusations-crise-rupture-relations
15- https://www.lemonde.fr/afrique/article/2006/03/21/l-accord-moscou-alger-met-en-cause-l-equilibre-au-maghreb_753032_3212.html    
16- https://dppa.un.org/fr/shanghai-cooperation-organization
17- http://french.xinhuanet.com/2016-10/17/c_135760886.htm 

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