Quand l’avenir de l’Algérie s’oppose au gaz de schiste

La question de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie se pose publiquement depuis près de deux ans alors que le gouvernement semble avoir pris une décision en ce sens depuis au moins 2008. Une fois annoncée, cette option a été très rapidement imposée sans débats ni consultation d’experts.
2015-04-16

Salima Mellah

Rédacteur en chef - Algeria Watch


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Kareem Risan-Irak

La question de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie se pose publiquement depuis près de deux ans alors que le gouvernement semble avoir pris une décision en ce sens depuis au moins 2008. Une fois annoncée, cette option a été très rapidement imposée sans débats ni consultation d’experts. Comme à l’accoutumée, le Parlement dans sa grande majorité a mécaniquement approuvé cette orientation. Les déclarations de membres du gouvernement ainsi que les informations disponibles sur les projets, l’agenda, les financements, les sociétés étrangères impliquées sont contradictoires. Les uns défendent ouvertement ce choix en tant que recours nécessaire face au déclin des réserves de pétrole, tandis que d’autres assurent qu’il n’est pas à l’ordre du jour. 

La mobilisation à In Salah contre l’exploitation du gaz de schiste en Algérie a débuté le 31 décembre 2014 et perdure sans faiblir à ce jour. C’est à quelques kilomètres de cette ville de 50 000 habitants située à 1 200 km au sud d’Alger que le premier forage a été réalisé, officiellement à titre d’exploration. La population est alarmée des conséquences des techniques employées dans l’extraction du gaz de schiste, en particulier la fracturation hydraulique (fracking) qui nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau, de sable et de produits chimiques. Il s’agit du premier mouvement populaire sans caractère revendicatif socioprofessionnel ou partisan. La contestation se répand à la fois dans le temps et dans l’espace. Et plus elle dure, plus elle attire la convoitise d’acteurs politiques dont la désapprobation sur la question est sujette à caution tout autant que leur prétendue opposition au pouvoir. Lequel passe quant à lui d’une attitude paternaliste aux menaces contre une population qui demande qu’une question aussi importante pour le pays fasse l’objet d’un débat national.

 

Les autorités agissent dans l’opacité
 

Les conditions juridiques et pratiques pour l’exploitation du gaz de schiste sont mises en place à partir de la fin des années 2000. Des firmes étrangères, dont la française Total, obtiennent des permis « d’exploration et d’exploitation » sans toutefois se lancer tout de suite dans leur mise en œuvre. Une nouvelle loi sur les hydrocarbures est adoptée par le Parlement en 2012 et publiée au Journal officiel le 24 février 2013 (date anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en 1971). Cette loi est particulièrement scandaleuse, car elle remet en cause des principes de souveraineté. En effet, pour attirer les compagnies spécialisées, frileuses face à ce qu’elles présentent comme des contraintes financières, la fiscalité est dorénavant calculée sur la base du rendement que fixent les compagnies elles-mêmes sans que l’administration algérienne n’ait de moyen de contrôle.

En juin 2013, l’Energy Information Administration (EIA) des États-Unis, publie un rapport dans lequel il est affirmé que l’Algérie détiendrait la troisième réserve mondiale de gaz de schiste (707 trillions de m3) située dans sept bassins : Ahnet, Berkine-Ghadames, Mouydir, Reggane, Timimoun et Tindouf. Les données de l'EIA sont contestées dans d’autres régions du monde, car elles se sont souvent révélées fausses et auraient été avancées pour motiver et justifier l’option gaz de schiste. En particulier lorsque les réserves conventionnelles de gaz et de pétrole se tarissent comme c’est le cas en Algérie.

Rapidement après la publication de cette information, les premières déclarations officielles expriment la volonté de se lancer dans cette voie et le Conseil des ministres du 21 mai 2014 donne le feu vert à l’exploitation du gaz de schiste. Quatre puits d’exploration dans les bassins d’Ahnet et Illizi ont été prévus pour l’année 2014 (dans le cadre d’un programme de forage de onze puits étalés sur sept à treize ans). Ils ne semblent pas avoir été tous forés. Les travaux d’exploration du site Ahnet, à près de 20 km au sud d’In Salah, ont débuté en août 2014 par la compagnie nationale d’hydrocarbures Sonatrach et Total. Les sociétés Halliburton et Schlumberger (toutes deux américaines), chargées de l’aspect technique de la fracturation, sont également présentes sur le site. En 2012 déjà, un forage expérimental qui s’est révélé prometteur avait été réalisé à Ahnet 1

Le 27 décembre 2014, la mise en service « avec succès » de ce puits pilote est annoncée en grande pompe par les ministres de l’Énergie, des Ressources en eau et de l’Environnement devant un parterre de journalistes venus sur place. Sonatrach se félicite de cet exploit sans évoquer le rôle crucial des firmes étrangères, alors qu’il est notoire que la compagnie algérienne ne peut réaliser les forages horizontaux qui sont indispensables à l’extraction du gaz de schiste. Le P-DG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, déclare le 11 janvier 2015 vouloir investir « 70 milliards de dollars sur vingt ans pour produire 20 milliards de m3 de gaz de schiste par an 2». Mais ce que les officiels et les partisans de cette option ne disent pas, c’est que l’extraction de ce gaz est très onéreuse : un puits de gaz de schiste coûte aujourd’hui entre 15 et 20 millions de dollars et le déclin de la production est d’environ 40 % après à peine un an d’exploitation. Cela signifie, selon les experts, qu’il faut sans cesse forer de nouveaux puits. Pour produire environ 25 milliards de m3, il faut forer six cents puits. Une fois abandonnés, ces puits continuent de dégager des gaz, notamment du méthane, gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2. La fracturation de roches entraîne l’accentuation des fissures et failles, pouvant provoquer des séismes de magnitude 4,5 à 5 degrés sur l’échelle de Richter. 

Bien plus dangereuses encore sont les conséquences de l’utilisation extensive d’eau et de produits chimiques nécessaire à la fracturation hydraulique. Chacune nécessite entre 10 et 25 millions de litres d’eau qui seront extraits de la nappe phréatique, une ressource qui ne se renouvelle pas. Des tonnes de sable et une grande diversité de substances chimiques (au nombre de cinq cents d’après les spécialistes), dont les composantes de certaines restent inconnues, sont également essentielles pour fracturer la roche dans laquelle le gaz est enfermé. Selon les explications fournies, l’eau usée de la fracturation, très toxique, serait décontaminée et réinjectée dans le sol ou transportée par camion vers des centres de décontamination. Mais il est très improbable que ces précautions très coûteuses soient vraiment prises et elles n’assurent d’ailleurs pas la détoxication totale. On le constate aux États-Unis, qui disposent pourtant d’une plus longue expérience de ces techniques : à proximité de nombreux sites, l’agriculture est impossible, l’eau alimentaire est contaminée et les paysages sont détruits par les centaines de puits, de bassins de décantation des eaux polluées, de routes aménagées pour les véhicules transportant le gaz ou les eaux, etc.
 

Une population aspirant à préserver son environnement
 

Les précurseurs de la forte mobilisation du début 2015 se manifestent peu après le fameux Conseil des ministres du 21 mai 2014 qui officialise l’entrée de l’Algérie dans l’ère du gaz de schiste. À Adrar et à Ouargla, les premiers rassemblements ont lieu dès le mois de juin. A ce moment déjà, les appels à un débat national sont adressés au gouvernement et au Président mais également aux sociétés étrangères qui sont sommées de quitter le pays 3.

Le 31 décembre 2014, quatre jours après la visite officielle des ministres à In Salah pour célébrer l’entrée officielle de l’Algérie dans l’exploitation du gaz de schiste, des habitants d’In Salah bloquent la route nationale 1 qui mène vers le puits pilote de Gour Mahmoud, situé dans le périmètre Ahnet, à une vingtaine de kilomètres de leur ville. C’est le début des protestations qui vont s’amplifier jour après jour et entraîner les populations des villes de Tamanrasset, Adrar, Ouargla.

Le mouvement de protestation fait preuve d’une maturité impressionnante. Sa composition est très hétérogène, ses nombreux membres sont d’âges et de milieux différents, travailleurs, agriculteurs, notables, cadres de la Sonatrach, rappeurs, enseignants, universitaires – les femmes y jouent un rôle prédominant en raison des enjeux de la lutte. Il n’exprime pas de revendications socioprofessionnelles, ne demande pas de programmes de développement ou de lutte contre le chômage. Ce mouvement n’exige pas non plus un changement de régime ou le départ du président Bouteflika. Les populations du Sud se savent en marge des richesses que produit leur région pétrolifère, des richesses dont elles profitent bien moins que d’autres parties du pays. Mais pour ces habitants du grand Sud, l’urgence de l’heure est de préserver un environnement fragile, déjà malmené par l’exploitation conventionnelle du gaz et du pétrole. Cette société agricole, profondément attachée à son terroir, a une conscience accrue de l’importance de la terre qui la nourrit mais surtout de l’eau qu’elle a appris à gérer efficacement mais avec parcimonie grâce au système d’irrigation ancestral appelé foggara (canalisation souterraine alimentée par la nappe aquifère). Si l’eau est menacée par le pompage extensif et la pollution chimique, la vie de ces populations est en danger. 

Dans ce combat, les femmes sont aux avant-postes, car comme l’explique l’anthropologue Dida Badi, « le rapport est évident entre la terre qui enfante la source des entrailles de laquelle l’eau jaillit, et la mère qui engendre et fonde le groupe de parenté qui s’en réclame 4». Et comme l’explique Mohad Gasemi, président du bureau régional de l’Association de promotion de l’activité agricole : « Nos ancêtres ont développé dans la région d’Adrar des systèmes d’irrigation qui ont permis à toutes les populations de se nourrir grâce à leurs propres efforts. L’exploitation de gaz de schiste détruira tout ce trésor. Les produits chimiques qui seront utilisés dans la fracturation hydraulique pollueront toutes les nappes du pays, puisque les bassins hydriques sont interconnectés. Au lieu d’investir dans un projet destructeur, qui d’ailleurs n’est pas rentable économiquement, il serait plus judicieux d’investir dans les ressources humaines locales. Outre le tourisme, je ne vois que le secteur de l’agriculture à développer dans notre région, entre autres les céréales et le maïs. Avec le soleil régulier et l’eau à profusion, les récoltes peuvent être triplées dans le pays.5 »

Rapidement, la place centrale de la ville d’In Salah est investie et rebaptisée par les opposants « Maydan As-Soumoud » (place de la résistance). Des tentes y sont érigées et les habitants se regroupent quotidiennement pour s’échanger et sensibiliser la population. Dans les autres villes du Sud des manifestations sont également organisées régulièrement, mais le centre de la contestation reste In Salah. Une grande manifestation est organisée le 15 janvier, à laquelle participent plus de 25 000 marcheurs venus de toute la région pour exprimer leur refus de ce projet qu’ils considèrent être une « question de vie ou de mort ».

Face à l’absence de réponse aux différents appels lancés par les habitants d’In Salah, le 21 février 2015, une demande de moratoire – le temps de tenir un débat national – tel qu’il est appliqué dans d’autres pays, est adressée par la société civile et des organisations non gouvernementales locales au président de la République. En se fondant sur plusieurs études d’experts, le document met en relief la dangerosité des procédés employés dans la fracturation hydraulique, la pollution de l’air et les risques pour la nappe phréatique ainsi que les conséquences à long terme une fois les puits de fracturation abandonnés. Les photos du site du forage du puits pilote d’Ahnet montrent qu’aucune mesure de protection n’a été prise. Les produits chimiques de la société Halliburton sont stockés dans des sacs à l’air libre, les bassins de récupération de l’eau utilisée lors de la fracturation hydraulique ne sont que de simples bâches à l’étanchéité très relative ; et tandis que l’eau s’évapore, le sable et les produits toxiques subsistent et sont livrés aux vents ; les cadavres d’animaux entrés en contact avec ces bassins se décomposent à la vue de tous et cela sans même évoquer la destruction du site 6. Nul ne l’ignore en Algérie et encore moins dans les régions concernées, de nombreux pays et notamment la France ont décidé d’un moratoire en raison des dangers des procédés d’extraction et de l’opposition des populations concernées.
 

De la confrontation à l’apaisement
 

Des manifestations sont programmées dans différentes villes le 24 février, jour anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. À In Salah défilent à nouveau près de 25 000 personnes, et dans toutes les grandes villes, plusieurs centaines d’opposants se rassemblent et subissent à certains endroits la répression la police. Au nord du pays en revanche, dans les wilayas (départements) les plus peuplées, la mobilisation reste frileuse : elle est surtout relayée par la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), sans grand succès – ce qui atteste au passage la faiblesse de l’ancrage dans la population des partis se disant d’opposition qui la composent.

À In Salah, le climat paisible des protestations bascule le 28 février, lorsque des activistes se rendent à la base de vie de la société Halliburton pour remettre à ses représentants une lettre informant que la population s’oppose au forage d’un nouveau puits. Des gendarmes anti-émeutes les accueillent à proximité du site en proférant des insultes racistes et repoussent brutalement la délégation et ses accompagnateurs. Le ton monte et la confrontation éclate, jets de pierre contre grenades lacrymogènes. Les affrontements se poursuivent en ville, les forces de l’ordre se déchaînent. Au moyen de bulldozers, de matraques et de gaz, la place As-Soumoud, symbole de résilience d’une population jusque-là patiente et attachée à la non-violence, est vidée de ses occupants. Des bâtiments publics sont incendiés par des mains anonymes, tandis que des personnes sont arrêtées et d’autres blessées notamment par des tirs à balles réelles. Ce n’est que lorsque l’armée intervient pour apaiser les esprits et pousser les policiers à retourner dans leurs casernes que le calme se rétablit. Le collectif des habitants d’In Salah dénonce alors, dans un communiqué d’une grande lucidité, le fait que, pour « respecter les contrats signés avec les multinationales étrangères et de manière à satisfaire ses exigences premières, Sonatrach a décidé d’opérer le fracking en soutenant, par un renfort sécuritaire extraordinaire, l’entreprise Halliburton, en charge des hydro-fracturations assassines  7». Tout en voulant préserver le caractère pacifique de leur mouvement, malgré le débordement de fin février, les habitants d’In Salah restent attachés au dialogue avec le gouvernement afin de trouver une solution acceptable.
 

L’irresponsabilité des autorités met en danger l’avenir du pays
 

Si les autorités algériennes ont fait preuve jusqu’à présent d’une certaine retenue – à l’exception de la vague de répression de fin février – face à un mouvement qui par sa maturité et son expertise représente un véritable défi pour le gouvernement, d’autant plus qu’il ne conteste pas le pouvoir et n’exige pas son départ, les différents ministres et responsables de la Sonatrach ont, quant à eux, brillé par des propos contradictoires et exprimant une incompétence préoccupante. Ces déclarations ne sont pas pour rassurer les populations maintenues dans l’ignorance quant à l’évolution du programme d’extraction de gaz de schiste. Les uns parlent de stade d’exploration, d’autres d’exploitation et certains suggèrent que les deux étapes seront menées concomitamment.

Les rares arguments opposés aux militants anti-gaz de schiste se fondent sur le fait qu’ils ne prendraient pas en considération l’« impératif économique » et verseraient dans l’« utopie environnementale ». Mais de quel impératif économique est-il question ? Celui d’honorer des contrats de vente d’hydrocarbures à long terme datant de la période de Chakib Khelil, ministre de l’Énergie et des Mines de 1999 à 2010, qui a bradé les ressources fossiles du pays et qui est aujourd’hui poursuivi dans des affaires de corruption ? 

N’est-ce pas plutôt l’esprit de rente qui prédomine à la fois dans la classe politique mais également chez de nombreux journalistes ? Évoluant dans un système improductif et perfusé par les revenus du pétrole, la perspective d’un tarissement des hydrocarbures est pour ces milieux inimaginable, impensable, inacceptable. Au-delà, c’est la paix sociale qui est en jeu dans un pays qui, bien qu’aspirant à l’apaisement après les terribles violences de la « sale guerre » des années 1992-2002, est traversé d’antagonismes explosifs.

Que penser d’un président de la République qui, en réponse à la demande de moratoire présentée par les habitants d’In Salah, assène fin février, selon une déclaration qui lui est attribuée, que le gaz de schiste est « un don de Dieu qu’il faut faire fructifier 8» ? Invoquer le registre religieux en infantilisant ceux qui en appellent à la responsabilité du chef de l’État montre une fois de plus la nature de sa relation avec ses administrés – ou plutôt celle des « décideurs » occultes de son entourage, tant il est certain qu’Abdelaziz Bouteflika, gravement malade depuis plusieurs années, est dans l’incapacité physique absolue de gouverner depuis sa réélection en avril 2014. Et face à une mobilisation qui ne fléchit pas, le régime passe peu après à des menaces à peine larvées. Lors de la commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, à Ghardaïa, dans une déclaration attribuée au président Bouteflika, un avertissement est lancé aux opposants du gaz de schiste qui remettraient en question les « programmes de développement » : « C’est un État généreux qu’offense la propension de certains de ses citoyens à douter de lui, et de ses engagements. Je veux parler d’une partie de la population d’In Salah qui persiste dans ses protestations, en dépit de toutes les assurances qui lui ont été données. […] Je suis particulièrement affligé de voir des enfants de la région poussés à nuire à l’État de leur pays et de constater que d’autres tendent à mettre en doute le dévouement et l’intégrité des dirigeants de leur État, et à s’inscrire en faux contre le bien-fondé de leurs actions, décisions et plans conçus pour réaliser le développement du pays dans son ensemble. 9» Ces déclarations menaçantes ne présagent pas d’une volonté de prendre véritablement en considération les inquiétudes fondées des populations du Sud. 
 

Une question qui concerne le pays tout entier
 

La mobilisation populaire contre la fracturation hydraulique bascule dans une autre dimension avec la participation de responsables politiques de toute nature. Les représentants de divers partis de l’opposition « autorisée » se déplacent régulièrement à In Salah pour participer aux protestations. Le 14 mars, une grande manifestation nationale a été organisée à Ouargla à laquelle avait également appelé la CNLTD. Ces opposants politiques sans ancrage social ont été à cette occasion accueillis avec enthousiasme par une population qui n’aspire qu’à sortir de son relatif isolement et à ce que le débat autour de la question du gaz de schiste s’élargisse en particulier au nord du pays, où la mobilisation pour un moratoire n’est pas très forte. De nombreux militants de longue date mettent en garde contre des manœuvres de récupération de la mobilisation populaire au sud du pays.

Il est essentiel que le mouvement anti-gaz de schiste conserve son autonomie et ne laisse pas brouiller son message par les actions de politiciens sans grand crédit et dont certains aspirent à un pseudo-« printemps arabe » en Algérie. Cela est d’autant plus important que cette mobilisation non partisane, de par son caractère populaire transcendant tous les clivages sociaux et professionnels, désarçonne le régime. Si elle devait être récupérée par l’opposition politique, elle risquerait de perdre sa force et sa vitalité.

Les militants d’In Salah ont raison : l’exploitation du gaz de schiste ne doit pas être traitée comme un problème du Sud algérien en raison de la localisation des gisements. La question concerne le pays tout entier et appelle à une réponse globale afin de préserver un environnement tout en assurant le développement national, sur d’autres bases et avec d’autres orientations. L’utilisation rationnelle des nappes d’eau phréatiques et albiennes pourraient garantir la couverture alimentaire de la totalité de la population, tout en fournissant du travail à des milliers d’agriculteurs. Tout comme l’exploitation d’une ressource naturelle, le rayonnement du soleil, pourrait produire une grande partie de l’énergie nécessaire en Algérie (et même pour être exportée). Mais ces décisions stratégiques impliquent de placer au centre des préoccupations politiques non pas les profits à court terme par l’exacerbation des orientations rentières de l’économie et de ceux qui la dirigent aujourd’hui, mais l’avenir du pays et celui des générations futures.
 

1   http://www.aps.dz/economie/8625-gaz-de-schiste-sonatrach-compte-forer-4-puits-d-exploration-%C3%A0-ahnet-et-illizi-en-2014

2  http://www.actu-environnement.com/ae/news/algerie-gaz-schiste-sonatrach-23631.php4

3  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/manifestation_ouargla.htm

4  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/sud/dida_badi_mouvement_social.htm

5  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/craintes_agriculteurs.htm

6  http://www.algeria-watch.org/pdf/pdf_ar/moratoire-de-gaz-schiste-insalah_fev_2015.pdf

7  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/insalah_tension.htm

8  http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/don_de_dieu.htm

9  http://www.aps.dz/algerie/19842-journ%C3%A9e-de-la-victoire-message-du-pr%C3%A9sident-abdelaziz-bouteflika
    لقد آلت الدولة على نفسها أن تكون في خدمة أبنائها في كافة أصقاع الوطن، فلا يمكنها التفريط فيهم و لا الإضرار بمصالحهم. إنها الدولة الحانية الرؤوم التي يسوءها جنوح بعض أبنائها إلى عدم الثقة فيها وفي تعهداتها و التزاماتها، وأعني بهم بعض سكان عيـن صالح و ما هم ماضون فيه من احتجاجات رغم كل ما تلقوه من تطمينات.(...) ويعز علي أن أرى البعض من أبناء الـمنطقة يُستدرج إلى الكيد إلى دولة بلاده ، وأن أرى البعض الآخر يـنساق إلى الوقوف موقف الإرتياب والتشكيك في إخلاص قادة دولتهم ونزاهتهم، و إلى الطعن في سلامة وجدوى تدابيرهم وقراراتهم ومخططاتهم الرامية إلى تـنمية البلاد برمتها. http://www.aps.dz/ar/algerie/13907-%D8%A7%D8%AD%D8%AA%D9%81%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA-%D8%A8%D8%B9%D9%8A%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D9%86%D8%B5%D8%B1-%D8%B1%D8%B3%D8%A7%D9%84%D9%80%D9%80%D9%80%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A6%D9%8A%D8%B3-%D8%B9%D8%A8%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%B2%D9%8A%D8%B2-%D8%A8%D9%88%D8%AA%D9%81%D9%84%D9%8A%D9%82%D8%A9

 

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