Jean Paul Mahoux
Texte publié sur Facebook
Non. Ce n’est pas réchauffement climatique qui a tué 10.000 personnes en Libye sans parler des migrants subsahariens qu’on aura pas comptés. Mais c’est bien le pétrole le meurtrier.
Certes il est tombé en 24 heures autant de pluies qu’en un an, sur une terre totalement sèche incapable d’absorber autant d’eau. Certes le Medicane Daniel (Hurricane en Méditerranée) est un monstre né du réchauffement climatique. Les médias ont bien expliqué les mécanismes tropicaux : mer chaude + front froid = ouragan / pluies torrentielles + terre sèche = inondations.
Mais les Libyens savent eux que le problème est ailleurs : un rapport de 2022 rédigé par une administration libyenne fantomatique, l’avait prédit : il faut entretenir et renforcer d’urgence les 2 barrages de Derna, il faudrait un 3e barrage, il faut engager des gens pour contrôler les vannes, il faut cesser l’urbanisation folle et sauvage au bord du fleuve. Rien n’a été fait. Le rapport a-t-il seulement été lu ?
Pas un dollar pour l’urbanisme, pas un cent pour la gestion des eaux. En revanche, dans cet «Etat failli» qu’est la Libye, il est des infrastructures bien entretenues, des infrastructures où on investit en masse, des infrastructures qui concentrent toute l’attention des dirigeants : les puits de pétrole et les pipe-lines.
Les plus grandes réserves de pétrole d'Afrique sont en Libye : 42 milliards de barils, 3% des réserves mondiales, une production actuelle de 1,2 million de barils par jour soit 14 milliards de $ par an. Le bassin de Syrte renferme à lui seul 80% des réserves. Qui contrôle cette manne ? Deux gouvernements qui se disputent le pouvoir depuis 10 ans : le gouvernement de Tripoli (qui contrôle l’ouest) reconnu par l'ONU et soutenu par un pays de l’OTAN ami des Frères Musulmans : la Turquie qui dispose d’une base navale à Misrata et rêve de faire basculer le pays dans son orbite militaire et commerciale ; et le gouvernement de Benghazi-Derna (qui contrôle l’Est), dirigé par le maréchal Haftar, soutenu par d’autres alliés de l’Occident (anti-fréristes cette fois), les militaires d’Egypte, les Emirats-Arabes-Unis mais aussi la Russie et la Syrie. L’essentiel de l’or noir est produit dans l’Est mais c’est la Banque centrale de Tripoli à l’Ouest qui distribue le pognon.
Tout ce petit monde s’affronte, menace de couper les vannes mais s’entend toujours pour partager les bénéfices. Aux manettes, leurs partenaires : la Compagnie nationale de pétrole libyenne, les multinationales Repsol (basée en Espagne), Total (France), OMV (Autriche) Statoil (Norvège) Eni (Italie) le premier opérateur gazier qui contrôle 80% de la production de gaz libyen et va investir 8 milliards de $ au large pour de nouveaux gisements, le groupe Wagner qui contrôle deux petits champs d'extraction de gaz libyen dans le désert, le groupe Schlumberger, multinationale de services et équipements pétrolier basée en Alsace mais qui appartient aux fonds indiciels de Wall Street et, depuis cette année, la compagnie pétrolière russe Rosneft, 2e plus grande entreprise russe après Gazprom, une société qui a son siège social au Kremlin mais où on retrouve au capital, British Petroleum, Qatar Investmet et les inévitables anglo-saxons BlackRock et HSBC.
Les plus grandes réserves de pétrole d'Afrique sont en Libye : 42 milliards de barils, 3% des réserves mondiales, une production actuelle de 1,2 million de barils par jour soit 14 milliards de $ par an. Le bassin de Syrte renferme à lui seul 80% des réserves. Qui contrôle cette manne ?
En conclusion: l’énergie fossile ne tue pas seulement les gens en provoquant le réchauffement de l’atmosphère et donc des dérèglements climatiques dantesques. L’énergie fossile tue directement les gens en concentrant toute l’attention et tous les moyens de dirigeants corrompus et de capitalistes avides qui n’investissent plus un franc dans l’aménagement du territoire et la protection des populations. Pendant que ces gens nous font croire qu’ils s’affrontent pour la démocratie mais s’entendent comme larrons en foire, pendant que les pipelines d’or noir se déversent dans les réservoirs du capitalisme, les barrages cèdent. Les gens meurent. Ça ne fait que commencer … Sauf si on les arrête.